Vendredi 28 octobre, Nicolas Grivel, le directeur général de l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine, était en visite à Val-de-Reuil. L’enjeu était d’importance. Durant toute une matinée, on lui a présenté les quartiers, les immeubles, les bâtiments qui pourraient être retenus pour figurer dans le prochain plan de rénovation.
C’est acté, Val-de-Reuil a été retenu pour faire partie des 200 sites à « enjeu national » qui vont bénéficier du Plan National de Rénovation Urbaine, le fameux PNRU 2. Mais on ne sait pas encore exactement quelle enveloppe lui sera allouée (on l’estime entre 40 et 50 millions d’euros) ni quels projets seront finalement retenus.
Des arbitrages attendus
Autant dire que Nicolas Grivel était attendu de pied ferme. Des conclusions qu’il tirera de cette visite peuvent dépendre certains des arbitrages qu’il rendra avec ses équipes. Le directeur de l’Anru a marché pendant trois heures dans les rues de la ville, encadré par un bataillon de Rolivalois (le maire, les élus, des responsables des services de la ville et des habitants), accompagné par des architectes, des urbanistes, des bailleurs sociaux… Il s’agissait à la fois de lui montrer à quoi ont servi les 100 millions d’euros dépensés depuis 2001 dans les premières opérations de rénovation urbaine, et de détailler tous les travaux qui pourraient être financés par la prochaine.
Réparer, rassurer, relancer
Grâce à la rénovation, la ville s’est transformée. Déconstruction de certains immeubles, rénovation extérieure et intérieure pour d’autres, résidentialisation, embellissement… par petites touches Nicolas Grival a pris la mesure du travail réalisé. C’est l’image de la ville qui change peu à peu. « Dans l’imaginaire du Rouennais ou du Havrais, la dalle de Val-de-Reuil, c’était comme la Grand-Mare à Rouen ou les cités de Mantes-la-Jolie, terrible » raconte le maire. La rénovation urbaine a servi à « réparer, rassurer, et relancer ».
Le retour des investisseurs
La ville attire aujourd’hui des investisseurs. Les opérations immobilières se multiplient (lire ci-dessous). Autour du nouveau théâtre et de la nouvelle gare, c’est tout un quartier qui va sortir de terre. Au centre de la ville, le champ qui s’étend entre le supermarché et la rue Courtine va être complètement transformé : centre commercial, boutiques, logements, bureaux sont attendus dans deux ans. Cette urbanisation devrait revitaliser le centre-ville, attirer de nouveaux habitants, « qui travailleront dans les entreprises voisines et voudront envoyer leurs enfants dans le bon lycée Marc Bloch », fait valoir le maire, des habitants qui n’habiteront pas forcément des logements sociaux. « Le grand défi, c’est de faire une ville, et pas un agglomérat d’isolats enfermés sur eux-mêmes. C’est Val-de-Reuil sans Val-de-Reuil ! » lance Marc Antoine Jamet.
Démolition ou reconstruction ?
L’autre versant de la visite, ce sont ces quartiers oubliés de la précédente rénovation. Les habitants du quartier du Mail n’en peuvent plus d’attendre. Les immeubles font grise mine, les dalles de béton prennent l’eau, des murs moisissent dans les 150 appartements mal isolés et mal chauffés, pour lesquels les locataires payent de très fortes charges. Leur bailleur, Eure Habitat, très mal en point financièrement, attend lui aussi de savoir comment le quartier sera transformé. La rénovation du Mail, clairement prioritaire, se fera. Mais démolition ou reconstruction, telle est la question. Les habitants de l’immeuble la Garancière, sur la rue de la Grosse Borne, se désespèrent aussi. Eux sont propriétaires, et ils ont vu leur bien se dégrader au fil des ans. Mohammed Bouksssaye, qui habite la résidence depuis quinze ans, a expliqué la situation à Nicolas Grivel. « La plupart des gens sont arrivés dans les années 80 ou 90. Aujourd’hui, ils sont à la retraite, ils n’ont pas les moyens de rénover. Ils attendent au moins un rafraîchissement pour pouvoir vendre. » Un projet de ravalement et d’augmentation de la surface par des façades vitrées a été présenté. Mais rien ne permet de dire qu’il sera retenu.
À l’horizon 2020
Nicolas Grivel a beaucoup écouté, mais peu parlé. Rien n’a filtré de la réunion qui a suivi la visite, tenue à huis clos et en petit comité avec le maire. La rénovation de l’école des Cerfs-volants et celle du stade Léo Lagrange pourraient aussi faire partie du plan de rénovation. Mais il faudra attendre la fin de l’année et la signature d’un « protocole de configuration » mis au point avec la communauté d’agglomération pour avoir une vision plus claire des projets qui seront retenus. S’ouvrira alors le temps des études, avant que les chantiers eux-mêmes ne commencent. La rénovation devrait se faire d’ici quatre ou cinq ans, pour être terminée en 2020 ou2021.
Gwenola Lorsignol